samedi 29 décembre 2012
Le minestrone.
La toile est formelle. En Italie, on aime les minestre, autrement dit les potages. Parmi ceux-ci, le plus connu, le minestrone, littéralement “gros potage”, est un plat unique incontournable enrichi généralement de pâtes. Ce minestrone – en fait un bouillon composé en général de haricots (sur lesquels j'ai fait l'impasse ce jour…) et d’une brunoise de divers légumes (carottes, céleri, tomates, courgettes…) – connaît de multiples variations en fonction des saisons et des régions d'Europe dans lesquelles il est confectionné.
Le minestrone classique aux pâtes (en fin de cuisson, jeter une poignée de coquillettes dans la cuisson) a souvent ma préférence.
Mais, à la base, il s’agit d’un plat pauvre de la tradition paysanne que l’on préparait avec les légumes disponibles au jardin ou avec ceux qui pouvaient être conservés pendant l’hiver, comme les pommes de terre ou les poireaux. En italien, le mot “minestrone” est d’ailleurs utilisé pour décrire un ensemble de choses différentes et peu ordonnées. On utilise ainsi l’expression “far di tutto un minestrone” qui signifie à peu près “faire n’importe quoi”! J'embrouille tout ce soir, légumes et viande, pâte et bouillon.
Une des premières recettes écrites de “minestrone” daterait de 30 avant J.-C. Dans le “De Re Coquinaria”, Apicius décrivait une soupe romaine contenant épeautre, pois chiches, fèves, oignons… Mais il faudra attendre le seizième siècle et l’introduction des pommes de terre et des tomates en Europe pour voir ces légumes apparaître dans le minestrone.
A Gênes, le minestrone est un plat de marins. Il était servi sur les catrais, des osteries flottantes installées sur des péniches. Servi en été avec du pesto, il était réalisé avec moins de bouillon en hiver. Une version tellement compacte, que le lendemain, on pouvait découper le minestrone en tranches et le faire frire dans un peu d’huile. C'est un plat tellement populaire à Gênes que les Génois étaient surnommés des "minestrone". Ici, c'est aussi un de mes plats favoris, un partage de deux jours qui vient à point entre les fêtes. Un potage de partage aussi. Il provoque immanquablement le dialogue que ce soit sur la nature des légumes qui le composent ou la température de dégustation. Quand les uns sont rassurés sur le noms des légumes à manger et que les autres gardent en bouche la cuillerée du potage chaud. le repas commence alors vraiment. Pour le plus grand plaisir de tous.