jeudi 25 juillet 2013

La carafe.


Je "rentre d'arroser". Une expression qui dit un peu de la fatigue comptabilisée chaque jour pour pousser, sous les feuilles de tous les habitants du jardin et du potager, un jet d'eau ténu mais salvateur. Il faut arroser en ces temps de ferveur solaire. Je m'assieds à la même place qu'hier, dans l'allée, pour prendre un peu de repos.
Hier, les voisins d'en face sont venus passer ici quelques heures dans la pénombre d'une fin de journée amicale. Une curieuse expression : "les voisins d'en face" ou encore "les voisins d'à côté", les voisins sont toujours des gens qui existent mais de loin. Qu'on voit sans les attendre ou qu'on attend sans les voir. Martine et Alec sont venus passer quelques heures autour de quelques bouchées fraiches, d'un pastis. Ils se sont posés comme disent les jeunes couples d'aujourd'hui. Nous avons beaucoup parlé. Les femmes surtout. Les deux hommes, qui "communiquent", chaque heure de leur vie professionnelle et qui se promettent de refaire l'identité touristique et culturelle dinantaise ne parviennent pas, ou si peu, à placer le moindre argument dans une conversation que les rires enveloppent. Il est question de religion, de sagesse, du cri qui tue, de jet-ski à Malte, des bonnes brasseries régionales, de la Chevetogne, des gibiers qu'ils faut acheter là et du légume qui ravit ici. Bref, sans vraiment le vouloir mais avec une tendre détermination, les femmes parlent de ce dont elles ont envie de parler. J'adore ces moments où les hommes sont apaisés et tendres.
J'ai sorti de l'armoire la sacrée carafe pour servir l'eau fraîche. Un objet impossible, maladroit et kitch ramené un jour par le papy de la brocante d'Ahnée. Cette carafe sans cachet mais attachante a déjà été dix fois complice de soirées longues et belles. Celle-ci le fut.