dimanche 22 septembre 2013

La toile.


C'est le tout début de l'automne et ce matin, alors que rien ne le laissait prévoir, les arbres, les buissons, les fleurs et les branches sont recouverts de toiles d'araignée. Par dizaines dans le jardin et autour du potager. Inattendues hier. Une toile d'araignée est un des types de pièges en soie d'araignée que fabriquent les araignées pour capturer leurs proies, raconte la bien nommée toile des nouvelles technologies. Si toutes les araignées fabriquent de la soie, toutes ne tissent pas de toile. Ce fil de soie, la plupart du temps gluant grâce à une colle biologique, les araignées ayant leurs pattes recouvertes de poils rigides et d'un revêtement antiadhésif,  est à la fois un support chimique - de phéromones déposées par le mâle, ou la femelle, ou les petits - et un vecteur vibratoire. On considère que l'usage initial de la soie était la fabrication du cocon pour protéger les œufs car les araignées considérées comme primitives ne tissent pas de toile.
Beaucoup d'araignées d'espèces fileuses femelles laissent derrière elles un fil enduit de phéromone qui est presque systématiquement suivi par les mâles. Le fil transmet aussi très bien les vibrations. Ils alertent ainsi l'araignée sur le fait qu'une proie est tombée dans son piège ou qu'un mâle s'approche. L'araignée peut aussi détecter la position d'une proie immobile en impulsant une vibration à la toile et en analysant l'écho de cette vibration en retour. Chaque espèce produit des signaux particuliers par vibration de l'abdomen ou par vibration produite par les pattes, à la manière d'un doigt qui fait sonner la corde d'une guitare. Deux araignées, des épeire diadème, bien présente dans le jardin de Celles, ont été envoyées par la Nasa dans l'espace dans le Skylab. La toile d'araignée est très résistante, cinq fois plus que l'acier et élastique, le fil peut s'étirer jusqu'à quarante pourcents sans se rompre.
Un labyrinthe de fils de soie collante et non collante entrecroisés entre des herbes ou des branchages bloque un insecte qui s'y aventure en marchant ou sautant. Il finit par tomber dans le hamac qui est tissé dessous. L'araignée qui se tient tête en bas sous le hamac saisit alors la proie à travers la toile et répare cette dernière quand elle a fini son repas.
La rosée matinale dans une prairie révèle la grande densité des hamacs tissés par les Linyphiidae. Bien présente ici, la variété de gourmandes… L'araignée a par ailleurs toujours sollicité, bousculé notre regard inquiet et l'Epeire diadème, présente partout entre les arbustes et entre les haies du jardin, a toujours quelque chose d'inquiétant, de guerrier ou de mystique avec sa croix sur le corps. L'automne vient de sceller une nouvelle histoire, une nouvelle rencontre avec le vivant tout proche, juste en jetant la rosée sur la toile.