lundi 18 mars 2013

Repas de femmes.

Glons est un des villages de la commune de Bassenges, à la frontière ou peu s'en faut entre la Wallonie et la Flandre, à quelques encablures des Fourons dont, dans les années septante et quatre-vingt de l'autre siècle, tout le monde connaissait le hérisson. Les frères Happart, des fermiers politiciens à moins que ce ne furent des politiciens fermiers, toisaient la Flandre toute proche et, d'arrogances en charges de cavalerie, écrivaient l'histoire locale. Aujourd'hui, la Flandre administrative règne sur les maisons rurales du coin. Tante Jo vit, avec Sophie sa fille et son beauf Benoît, à deux pas de là, pas loin de Visé et pas très loin non plus de la Hollande et de Maastricht.

Elle a quelques vertus Tante Jo dont la première est d'aimer et de pratiquer la cuisine plus pour les autres que pour elle-même… Elle ne lésine pas sur les plats, la qualité des mets et l'originalité des préparations.

La soeur du papy a donc eu l'excellente idée de convier autour d'une table tout juste débarrassée de ses miettes hivernales, les femmes jubilaires de la famille. On ne dira rien de l'âge de Tante Jo, rien de l'âge de Caro et surement rien de mon âge… C'est un moment rare fêté ce dimanche. Le repas, comme toujours avec Tante Jo, n'est pas une mince affaire. Quelques amuse-gueules qui fondent en bouche comme ces profiteroles farcies au grand secret et rehaussées d'un confit du fruit du malus. Que dire de ces crêpes fourrées dont il n'est rien resté. Un délicat verre de bulles, brutes cependant, de chez Vrancken pour donner l'envie de patienter avant la première entrée. Une terrine de poisson légère et un potage à l'ancienne au cerfeuil suivent.

La saison du gibier est terminée mais la congélation autorise des écarts avec le protocole du gibier. Du chevreuil admirablement cuisiné que viennent honorer la sauce aux figues, les pommes et les poires. C'est encore un peu l'hiver gastronomique dans les premiers jours de lumière du printemps. Du Grand Marnier dans le gâteau à la crème fraîche et quelques coupelles d'une somptueuse mousse au chocolat. Commencé dans la lumière de midi, le repas se termine dans la pénombre vespérale.






Quelques cadeaux échangés entre femmes et les souvenirs qui s'échangent. Autour de la table trois générations qui vivent d'habitudes différentes… Au fond du jardin, près de la petite marre, le héron monte la garde. je l'ai toujours vu là, faire le guet pour dissuader ses congénères de venir se nourrir ici. Tout le monde, même les oiseaux, sait qu'ici on mange mieux qu'ailleurs…