dimanche 26 mai 2013

Hesbaye-Frost.


Partir pas trop tard pour la Hesbaye. Croiser le sillon Sambre et Meuse comme on double une latitude. Se perdre sur les petites routes des villages où se calfeutrent dans les églises de briques les communiants du jour. Il doit faire tellement agréable dehors. Mais il n'y a personne dehors. On devine les retardataires à ce qu'ils courent vers un abri. Geer est un beau village propice à la récolte des légumes. Trois cents personnes travaillent  dans des installations dont on sait qu'elles évoluent avec les technologies. semer, récolter, conditionner et surgeler une belle quantité de ce que la belgique consomme comme légumes.
La saison est pourrie. Il faudra réagir en quelques heures quand la chaleur portera les feuilles et les racines à maturité. Pour l'heure c'est "Bonjour tout le monde…" L'entreprise ouvre ses portes et raconte ses envies de protéger la nature. De la station d'épuration à la réserve naturelle tout est fait pour donner de l'unité à ce développement intelligent de la production maraichère. Nous rejoignons un groupe d'amis que je ne pensais par voir là sous une charlotte commune. Ma fille chérie qui barre le vaisseau est au timon et à la voile. A la vérification de la pâte cuite al dente et au canal de surgélation. Vingt-quatre degrés sous zéro traversés en toute hâte et sans rencontrer d'iceberg. L'usine a quelque chose de froid. Moi qui parle avec mes laitues, j'ai du mal à imaginer que je pourrais demander l'heure ou comment il va à un petit pois qui passe sur un tamis bruyant. Le village est tout entier enroulé autour de l'entreprise.

Je suis surprise de l'attention que portent tous les travailleurs à leurs pratiques, étonnée du savoir-faire des plus modestes comme celui précis et fier des ingénieurs. j'ai l'impression que tous ces hommes que je découvre pour la première fois ont été "embellis" par leur métier.
Il faut grimper, monter et descendre mille escaliers, penser à la sécurité, oublier le bruit. Ma fille chérie a un oeil sur le parking et l'autre sur le trafic à l'entrée. Ce sera, malgré un temps exécrable, un succès populaire de première envergure. A dix kilomètres de l'endroit où nous nous trouvons, des centaines de curieux arpentent encore la réserve naturelle. Ils reviendront en milieu d'après-midi s'attabler autour d'une assiette bienvenue chargée des produits récoltés ici.
Ce petit repas pris sur le pouce réchauffe par ses senteurs et ses couleurs. Les autres sont partis se perdre dans la campagne, trop heureux de faire de cette journée érudite une belle promenade. Une gourde et quelques briquettes combustibles issues de la structure de bio-méthanisation toute proche comme cadeau d'adieu… C'est original et bienvenu. Le papy est ravi et je suis transie et surprise de la taille du site et de l'usine. J'ai oublié de rendre à Claire les mitaines que je lui avait empruntées pour lutter contre le froid. Nous rentrons doucement sans devoir appuyer sur le champignon. On surgèle les champignons ? Je m'endors en pensant aux schtroumpfs rouges qui surement encore, à l'heure actuelle, accordent leur belle attention à ce qu'il faut savoir de ce qui vient dans notre assiette.