samedi 15 juin 2013

Promenade de quinze heures dix.



Je n'ai pas l'habitude de me déplacer. Aller loin, au loin. L'idée que le papy va partir quelques jours au Portugal m'est d'ailleurs une source d'inquiétude. J'en arrive à craindre les déplacements et seules, les promenades lentes et attentives dans les quelques centiares du jardin suffisent à mon bonheur. J'ai appris à marcher à l'économie entre les petits arbres et les fleurs, entre les bouts de potagers et les parterres.
J'ai appris à parler lentement à l'économie. C'est dire, avec ces habitudes spécifiques, que les retards de température, d'air doux, de soleil ardent que nous subissons cette année me sont difficilement supportable. Je compte les jours où le parasol s'est élevé dans les airs pour calmer les ardeurs d'un soleil violent et les autres des retards d'éclosion des fleurs. La saison qui doit être à son affaire en ce milieu de juin est endormie encore et taiseuse sous les rafales d'un vent dont je dois bien dire qu'il me donne la chair de poule. Je marche donc doucement entre les massifs encore bien timides, je me penche, ici, sur les laitues et là sur les pensées. Parfois, je m'arrête dans le soleil, sur un siège brulant et je rêve.