mardi 13 mai 2014

Les arbres à Natoye.


La promenade dominicale nous conduit, le papy et moi, sur les bords de la nationale quatre à Natoye. Rendez-vous pris de longue date avec les bonsaï et les arbres venus de Hollande et de France. La période de grâce de la culture des arbres nains est révolues ici depuis des années. ne subsistent que les besogneux. Je suis heureuse d'avoir passé ces nombreuses années, au moins vingt-cinq ans, à dorloter les arbres alors jeunes et d'en avoir fait des ados exigeants avant qu'ils ne deviennent des adultes qui resteront plus jeunes que je ne le serai jamais puisque leur espérance de vie dépasse de loin celle qui pourrait être la mienne. Se pose ainsi la question de l'échéance. La question toute simple et surprenante de la continuité des arbres après mon départ. Le papy, en élève appliqué, apprend les techniques du rempotage et de la construction de la ramure. Mais il est distrait et moins rigoureux que je me suis efforcée d'être. je suis heureuse qu'il s'intéresse aussi et enfin à la vitalité des troncs, à l'élégance de la ramure ou au traitement des cochenilles et des parasites. A Natoye, quelques poteries de rêve. Légères et, en apparence, solides et résistantes au gel. De simples outils, couteaux ou ciseaux, peu de terre comme je le craignais. Une longue discussion avec une éleveuse flamande de Leuven qui se penche avec bienveillance sur les azalées. Mes deux jeunes recrues sont bien portantes mais il me faut les confronter aux saisons et les aider avec quelques amendements et des tailles judicieuses. Les fleurs des azalées vont bientôt abandonner les branches. Fin de saison précoce. Viendront feuilles et ouverture généreuse des branches avant les prochaines saisons. La vie des ramures qui s'ouvrent est d'une rare discrétion. Elle s'effectue sans bruit et sans maladresse. Elle nous échappe.
Avant de quitter les lieux, j'enfile un kimono sombre mais lumineux dans ses parures. Le vêtement, que je finis par acheter, est créé au départ de pièces d'origine orientale qui sont redéfinis, recalibrés en fonction de la qualité du tissus et de la coupe originale. Déjà portés donc déjà vivants, ils sont une partie d'âme douce. Le satin austère et la soie noire viendront donner sa nouvelle vie à une composante attendue de l'art zen si proche de la beauté des arbres. J'ai l'impression d'une extrême douceur et d'une belle sagesse qui s'installent en moi en portant ce vêtement d'un autre âge et qui pourtant me semble tellement destiné. Je me confronte encore un peu plus avec la lenteur des sensations ressenties en construisant autour et avec les arbres une relation magnifique qui court de la terre au cosmos.